Filière laitière Après 2015, les industriels ont « droit de vie ou de mort sur les éleveurs »
A la Confédération paysanne, le débat sur l’après-quota n’est pas clos ! Le Space est l’occasion pour le syndicat de rappeler l’organisation pernicieuse des marchés laitiers. Et il reprend à son compte un projet de régulation des volumes de production par les prix déjà porté en France par la CR et l’Apli.
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Ils sont au pied du mur ! Pour la Confédération paysanne, les éleveurs laitiers sont nombreux à se lancer dans des investissements pour préparer l’après-quota. Mais, comme en 2008, ils n’ont aucune certitude que le prix du lait qu’ils produiront sera rémunérateur. Or quelques signes du marché des produits laitiers laissent penser que la filière laitière est à la veille d’un retournement durable de la conjoncture. Les collecteurs laitiers annoncent des baisses du prix du lait de plusieurs dizaines d’euros d’ici à la fin de l’année ou janvier 2015. De telles décisions ne seront pas sans conséquences sur les trésoreries des exploitations. A moyen terme, « avec les contrats, les industriels ont même le droit de vie ou de mort sur les exploitations laitières », défend Yves Sauvaget de la commission lait de la CP. Comment des éleveurs peuvent-ils investir dans de nouvelles installations sans avoir la garantie qu’ils seront collectés ?
Alors que Stéphane Le Foll investit son action dans le développement des exportations de produits alimentaires et la modernisation des exploitations, la priorité du porte-parole de la CP, Laurent Pinatel, est l’élaboration d’outils de régulation de la production européenne. Pour que 2014 ne soit pas 2009, le syndicat réitère une proposition de fixer un tunnel de prix seuil et plancher des 1.000 litres au niveau européen. Ce serait la clé de gestion des volumes de production, puisque les quotas seront abolis en 2015.
Si le prix plancher est atteint, alors les producteurs réduiraient la production. Si le prix du marché est supérieur au prix plafond (ou seuil), les éleveurs seraient libres de produire plus de lait. Faisant le constat qu’il n’a pas été possible de mettre en place des Organisations de producteurs (OP) transversales et prenant acte de la fin des quotas, le mécanisme de gestion des volumes par les prix pourrait être un rempart à la survenance de la nouvelle crise qui s’annonce. « A condition que Stéphane Le Foll porte ce projet au niveau européen ».
Et les industriels, seront-ils prêts à se lancer dans cette voie ?
Des OP transversales et non pas horizontales
Selon la CP, le ministre avait les moyens, avec la loi d’avenir, de revoir l’organisation de la production laitière pour ne pas que les les éleveurs soient livrés à eux-mêmes face aux collecteurs. Or il s’est « arrêté au milieu du gué » et opte pour l’exportation. « Il ne fait pas de la prévention de crise mais de la gestion de crise ! ». Mais pour le syndicat, cette option n’est envisageable que si elle crée de la valeur. A ce jour, la « politique du prix B » adoptée par les coopératives laitières par exemple, montre qu’il n’en est rien. Ce qui ne peut conduire qu’à la disparition des exploitations laitières de taille moyenne, à la destruction d’emploi et à la baisse du nombre de candidats à l’installation. Or l’occupation du territoire en Bretagne repose sur un maillage de ce type de fermes.
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